Conférence Gesticulée
Mercredi 19 et Jeudi 30 Mai 2024
Le GEDAR PROVENCE D'AZUR a le plaisir de vous convier à la Conférence gesticulée de Mathieu Dalmais, agronome engagé et très actif dans différentes associations agricoles. Il nous parlera des enjeux alimentaires et agricoles. Cette conférence permettra également d’expliquer les travaux autour du projet de Sécurité sociale de l’alimentation.
Pour en savoir un peu plus sur le contenu :
Alors que les désastres écologiques, économiques et sociaux d’une agriculture industrielle ne sont plus à démontrer, les initiatives pour produire, transformer et consommer autrement fleurissent, des plus intéressantes aux plus détestables – mais bien trop souvent réservées à une partie seulement de la population. Les tenants de l’agriculture industrielle argumentent qu’elle est nécessaire pour nourrir les pauvres, et se réjouissent de l’existence d’alternatives éthiques juteuses, instaurant une dualisation des modèles agricoles et alimentaires qui ne remet nullement en cause leur système.
A l’autre bout de la chaîne, l’aide alimentaire, indispensable pour éviter que les plus précaires ne meurent de faim, est construite comme un soutien financier et idéologique à l’agriculture industrielle, privant ainsi du droit à l’alimentation – bien différent du droit à être nourri – plus de 7 millions de personnes en France. Et au delà des destinataires de produits de l’aide alimentaire, c’est 40% de la population française qui se sert la ceinture et se déclare insatisfaite de son alimentation.
Jean Ziegler, rapporteur des nations unies sur le droit à l’alimentation, le défini comme tel : c’est le droit d’avoir un accès régulier, permanent et libre, soit directement, soit au moyen d’achats monétaires, à une nourriture quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante, correspondant aux traditions culturelles du peuple dont est issu le consommateur, et qui assure une vie psychique et physique, individuelle et collective, libre d’angoisse, satisfaisante et digne.
Ainsi, il apparait prioritaire d’assurer l’accès de tous et toutes à une alimentation choisie, pour assurer la dignité de chacun.
Or le choix n’est pas qu’un mécanisme individuel parmi des produits proposés, quand bien même le critère économique ne serait plus un frein : le véritable choix est de pouvoir choisir ce qu’il y a dans les rayons, quelles sont leurs conditions de production, quels critères économiques, sociaux et environnementaux ils respectent. C’est à dire pouvoir tous et toutes s’exprimer en tant que citoyens sur notre alimentation, informés sur les enjeux, et non en tant que simple consommateur. Une autre façon de marquer la convergence entre la notion de souveraineté alimentaire – décrite ainsi lors de la déclaration de Nyéleni en 2007 « droit des peuples à une alimentation [suffisante] saine et culturellement appropriée produite avec des méthodes durables, et le droit des peuples de définir leurs propres systèmes agricoles et alimentaires » – avec celle de mettre de la démocratie dans son alimentation, de socialiser notre agriculture et notre alimentation.
Et si l’on exerçait cette démocratie alimentaire grâce à une Sécurité sociale de l’alimentation ? Il est urgent de penser comment généraliser l’accès de tous et toutes à une alimentation de qualité et choisie, comment orienter démocratiquement notre système agricole et alimentaire, sans quoi toute transformation du monde agricole est impossible, et sans quoi nous mangeons mal dans un pays riche, sans pouvoir choisir notre nourriture !